12% des femmes ont déjà subi un viol, selon le sondage de la Fondation Jean-Jaurès.
Si le fait le plus grave, à savoir la « pénétration sexuelle avec violence, contrainte ou surprise », définition qui correspond légalement à un viol, est heureusement le moins fréquent, les chiffres obtenus dans cette enquête sont néanmoins massifs. Parmi l’échantillon représentatif de 2167 femmes que nous avons interrogées, 12 % d’entre elles déclarent avoir déjà subi ce que les textes définissent comme un viol ; dont une majorité (7 %) une seule fois et 5 % quelques fois ou plusieurs fois. Ce chiffre de plus d’une femme sur dix est tout à fait interpelant et se situe au-dessus de ce que d’autres enquêtes ont mesuré par le passé. Plusieurs hypothèses explicatives et commentaires peuvent être faits à ce propos. On peut penser, d’une part, que le contexte dans lequel cette enquête a été réalisée, marqué par de très nombreuses révélations de cas de violences sexuelles touchant tous les milieux et largement relayées par les médias, a généré un phénomène de prise de conscience ou permis la levée d’un tabou chez une partie des victimes. Ceci a pu, d’autre part, être favorisé par le mode d’interrogation que nous avons retenu pour cette enquête. Sur des sujets aussi sensibles et intimes que celui-ci, l’interrogation on line, offre les meilleures garanties d’anonymat et ne génère aucune interaction avec un enquêteur (comme c’est le cas pour les sondages en face à face ou par téléphone) auquel il est souvent difficile de confier ce type d’informations.
Enfin, si ce chiffre de 12 % de femmes ayant été victime d’un tel acte peut a priori paraître élevé, deux précisions complémentaires doivent être apportées. Il s’agit d’abord d’une recension portant sur l’ensemble de la vie des interviewées et non pas sur une période restreinte aux dernières années précédant l’enquête. Il faut donc prendre en compte ce que les statisticiens appellent un « effet de stock ». Les actes dont ces femmes ont été victimes ont pu se dérouler dans bien des cas il y a de très nombreuses années. Ainsi, seuls 19 % des cas remontent à moins de 5 ans, quand 41 % des faits ont été commis il y a plus de 20 ans et 24 % entre 10 et 20 ans.