Raymond Gurême, ancien déporté, est décédé ce dimanche 24 mai à l’âge de 95 ans. L’homme était un défenseur de la culture tzigane en Essonne.
« Sa vie était une bagarre constante contre l’oppression », a confié à l’AFP François Lacroix, responsable du collectif fondé avec Raymond Gurême pour faire connaître le sort des Tsiganes français, internés dans des camps pendant la seconde guerre mondiale.
Le 6 avril 1940, un décret avait assigné les « nomades » à résidence pendant toute la durée de la guerre. Au total, une trentaine de camps ont été gérés par les autorités françaises jusqu’en 1946, et 6.000 à 6.500 « nomades » y furent internés, principalement des tsiganes mais aussi des sans-domiciles fixes.
Raymond Gurême mettra près de 60 ans à parler de cet épisode de sa vie, qui « a été pour lui un traumatisme familial », d’après François Lacroix.
Il n’a que 15 ans à l’automne 1940 lorsqu’il est arrêté près de Rouen, avec toute sa famille, par la police française. Il se retrouve enfermé au camp de Darnétal, en Seine-Maritime. « Jamais nous ne pensions que d’autres Français nous traiteraient comme des moins que rien alors que mon père avait fait la guerre de 1914-1918 », confiait Raymond Gurême à l’AFP en 2010.