Ceux qui souffrent d’une décapitation interne ont le crâne coupé de la colonne vertébrale. Pourtant, certains, comme Brock Meister, survivent toujours.
De sa naissance jusqu’à son accident, Brock Meister a pris l’habitude de tutoyer la mort. Cela a commencé avec l’accouchement : une fois sorti, le nourrisson a été incapable de respirer. Si un massage cardiaque l’a sauvé in extremis, le manque d’oxygène a entraîné chez lui une tumeur du cerveau. Une maladie contre laquelle, adolescent, il a dû lutter par une longue série de chimiothérapies. C’est seulement à l’âge de 20 ans, le cancer derrière lui, que le jeune homme s’est vu en mesure de profiter de sa vie de jeune adulte.
C’était sans compter cette soirée du 12 janvier 2018. Alors que Brock Meister se trouvait sur le siège passager d’une voiture avec ses amis à Plymouth (Indiana), le véhicule a heurté un obstacle et fini dans le fossé. Si les autres occupants ne sont que légèrement blessés, le jeune homme est très mal en point : sa tête a transpercé la vitre de sa fenêtre. «J’avais ma ceinture attachée, mais la moitié de mon corps était de l’autre côté de la fenêtre», a raconté Brock Meister au Beacon Health System. «Mon cousin [le conducteur] a attrapé l’arrière de mon tee-shirt et m’a tiré à l’intérieur. Je me souviens que du sang coulait sur mon visage.»
Alors que le moindre mouvement peut lui être fatal, le corps du jeune homme est maintenu en position jusqu’à l’arrivée des secours. Le diagnostic est sans équivoque : Brock Meister souffre d’une dislocation atlanto-occipitale, souvent appelée décapitation interne. Il était «un peu comme une poupée à la tête chancelante», se souvient l’un des médecins sur place, Kashif Shaikh.
C’est finalement ce praticien, déjà membre de l’équipe ayant traité le cancer du cerveau de Brock Meister, qui a réussi, après moultes interventions chirurgicales, à réaligner les os de sa colonne vertébrale avec ceux de son crâne grâce à des vis. Résultat : au terme d’une longue rééducation, le «décapité» pourra, selon les médecins, marcher à nouveau, voire «faire davantage de mouvements» que ce qu’il pensait. Et commencer, enfin, à profiter de sa jeunesse.