Douze ans que Jane Birkin n’avait plus sorti de disque avec ses propres chansons. Et presque aussi longtemps que la plus française des chanteuses britanniques n’avait plus enregistré. L’une des dernières fois, c’était en 2009 pour une relecture des Dessous chics de Serge Gainsbourg, avec Étienne Daho, pour son album Daho Pleyel Paris.
Comme un clin d’œil, Daho joue un rôle essentiel dans le retour de Jane Birkin sur le devant de la scène. « Lorsque j’ai joué il y a quelques années, ma pièce-film Oh ! pardon, tu dormais… à la Gaîté Montparnasse avec Thierry Fortineau, Étienne est venu me voir… souvent. Ça lui a beaucoup plu. Depuis des années, il m’a sans cesse encouragée à en faire une adaptation musicale. »
L’idée a fait son chemin jusqu’à l’enregistrement des treize chansons écrites par Jane Birkin, mises en musique et réalisées par Étienne Daho et son complice Jean-Louis Piérot. « Au début nous nous sommes inspirés de ce texte Oh ! pardon., puis peu à peu avec Étienne, nous nous sommes éloignés et des thèmes pressants, urgents se sont imposés. Ma fille Kate, des manques, des angoisses amoureuses, des fantômes, des textes même en anglais… Peu à peu on est partis vers d’autres horizons », témoigne l’artiste.
Des thèmes pressants, urgents, se sont imposés. Ma fille Kate, mes manques, des angoisses amoureuses, des fantômes…
C’est ainsi que l’album a pris ce tournant si intime et personnel. Tel un exutoire quand elle s’interroge avec Cigarettes sur la mort de sa fille, Kate Barry, en 2013. Ces murs épais, autre chanson griffonnée dans son agenda, lui est aussi dédiée. « J’ai chanté mes mots, « Ma fille s’est foutue en l’air… » C’était à la fois indécent et juste. Cette première chanson est arrivée très vite, de manière évidente. Puis une autre poésie écrite sur les offrandes que je ne pouvais plus faire à Kate, sur la terreur du cimetière, sur ces fleurs de printemps déposées à la hâte. »