Les fouilles archéologiques menées à Notre-Dame, dans le cadre du chantier de reconstruction, ont conduit à une découverte intrigante : une sépulture qui pourrait être celle du poète de la Renaissance Joachim du Bellay. En 2022, les archéologues de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap) ont mis au jour deux sarcophages en plomb anthropomorphes situés à la croisée du transept de la cathédrale. L’un de ces sarcophages, portant une épitaphe, a été identifié comme celui du chanoine Antoine de La Porte, tandis que l’identité du second, contenant les restes d’un homme d’une trentaine d’années, est restée un mystère.
Les analyses réalisées par l’institut médico-légal du CHU de Toulouse ont révélé des éléments intéressants : la déformation de l’os coxal indique que l’individu était un cavalier, et les signes de sciage du crâne ainsi que la fracture du sternum suggèrent qu’il a été autopsié avant l’embaumement. Les traces de pathologies rares, notamment une tuberculose osseuse cervicale ayant conduit à une méningite chronique, correspondent au portrait de Joachim du Bellay, connu pour avoir souffert de tuberculose.
Eric Cubrézy, médecin et archéologue, explique que ce personnage historique a été un cavalier émérite qui a voyagé de Paris à Rome à cheval malgré sa maladie, un exploit notable compte tenu de son état de santé. Joachim du Bellay, né en Anjou et cofondateur de la Pléiade, est décédé à Paris dans la nuit du 1er au 2 janvier 1560 dans le cloître de Notre-Dame.
Cependant, des incertitudes subsistent. Bien que la famille de l’auteur des « Regrets » et de la « Défense et illustration de la Langue française » avait demandé son inhumation dans la chapelle Saint-Crépin, sa tombe n’a pas été retrouvée lors des travaux de 1758. Christophe Besnier, responsable des fouilles, note que des analyses isotopiques montrent que le défunt pourrait avoir vécu dans des régions proches de Paris ou de la Rhône-Alpes jusqu’à l’âge de dix ans, ce qui laisse place au doute.
Les fouilles menées par les équipes de l’Inrap, qui travaillent depuis cinq ans, ont permis de renouveler considérablement les connaissances sur Notre-Dame et l’histoire de la Cité. Une cinquantaine de spécialistes ont participé à quatorze opérations, révélant des éléments précieux sur la cathédrale et ses occupants historiques.