Près de 8 000 migrants sont arrivés depuis lundi matin dans l’enclave espagnole de Ceuta, dont 4 000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres actualisés publiés ce mardi 18 mai par le ministère espagnol de l’Intérieur.
Le ministère a par ailleurs annoncé l’envoi de nouveaux renforts des forces de l’ordre sur place pour faire face à l’afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc voisin.
Les tensions diplomatiques entre Madrid et Rabat sont l’une des explications de ces arrivées massives. Les relations entre les deux pays se sont tendues depuis l’accueil en Espagne, fin avril, pour des soins médicaux, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali.
Le conflit au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée « territoire non autonome » par les Nations unies, en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis plus de 45 ans le Maroc au Polisario, soutenu par l’Algérie.
Pour montrer sa désapprobation, le Maroc a diminué drastiquement ses contrôles aux abords des enclaves espagnoles, laissant des milliers de migrants traverser la frontière. « Le Maroc ne veut plus être le gendarme de l’Espagne en matière migratoire. Rabat veut la réciprocité dans les relations qu’elle entretient avec Madrid », analyse Ali Zoubeidi chercheur-associé à l’Université Hassan Ier et spécialiste de l’immigration.
Durcissant le ton, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que « personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne (…) sur le thème migratoire », dans une allusion claire au Maroc.
« Ceuta, c’est l’Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n’est pas le problème de Madrid, c’est le problème de tous » les Européens, a ajouté M. Schinas.