Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la HAS, conformément à ses missions, élabore des recommandations à l’attention du ministère pour déterminer la stratégie vaccinale contre cette maladie. Elle a été saisie sur la question de l’anticipation des campagnes de vaccination contre la Covid-19 en 2023, alors que le virus du SARS-CoV-2 circule toujours sur le territoire. Elle recommande de prévoir une campagne de rappel à l’automne pour les personnes à risque de forme sévère, en même temps que la campagne de vaccination contre la grippe. Elle préconise également que, dans l’intervalle, les personnes à très haut risque puissent bénéficier d’une dose supplémentaire si leur état de santé et leur niveau de protection vaccinale le nécessitent.
Face à l’épidémie de Covid-19, les premières campagnes de vaccination ont ciblé la population générale – en priorisant les personnes les plus vulnérables – afin de protéger le plus grand nombre de personnes des formes sévères et des décès, de limiter la circulation virale et de préserver le système de santé éprouvé par des pics d’hospitalisations successifs. Le virus du SARS-CoV-2 continue à circuler sur le territoire mais avec un variant moins sévère – Omicron – depuis le début de l’année 2022. La HAS a ainsi adapté ses recommandations vaccinales pour protéger les personnes les plus à risque de formes sévères de Covid-19.
Aujourd’hui, elle publie des recommandations de rappel pour l’année 2023 et détermine les publics éligibles à une nouvelle dose de rappel, ainsi que le moment opportun pour le faire.
Une campagne de rappel à organiser à l’automne pour toutes les personnes à risque de forme sévère, un rappel possible dans l’intervalle pour les plus vulnérables d’entre elles
La HAS recommande l’administration d’une dose de rappel à l’automne 2023 pour les personnes à risque de forme grave de la maladie ainsi que les personnes de leur entourage ou en contact régulier avec elles (dont les professionnels des secteurs sanitaire et médicosocial) : les personnes atteintes de certaines comorbidités quel que soit leur âge, les personnes âgées de 65 ans et plus ainsi que les femmes enceintes.
En complément, parce que leur protection vaccinale diminue plus vite et plus fortement, la HAS recommande que les personnes âgées de 80 ans et plus, les personnes immunodéprimées et les personnes à très haut risque de la maladie puissent bénéficier d’un rappel supplémentaire dès le printemps. Cette vaccination doit tenir compte de la situation médicale de ces personnes, dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante.
Cette nouvelle dose est recommandée dans un délai d’au moins six mois depuis la dernière dose ou infection, et ce, quel que soit l’âge de la personne ou le nombre de rappels précédents. En matière de choix du vaccin, la HAS recommande préférentiellement l’utilisation des vaccins à ARNm bivalents adaptés à Omicron quel(s) que soi(en)t le(s) vaccin(s) administré(s) précédemment.
D’un point de vue pratique et pour des raisons de mobilisation et de logistique, il parait pertinent de coupler la campagne de vaccination automnale contre la Covid-19 à celle de la grippe qui cible les mêmes populations, et de considérer que la date de début de la campagne contre la Covid-19 sera déterminée par la date de début de celle contre la grippe saisonnière.
A ce jour, la HAS ne recommande plus la primovaccination contre la Covid-19 en population générale mais elle insiste toutefois sur l’importance de laisser la possibilité à toute personne qui en exprime la demande de pouvoir bénéficier d’une dose de rappel et de pouvoir se faire rembourser cette vaccination.
En outre, elle estime qu’il ne faut pas exclure la possibilité de mettre en place à tout moment une campagne de vaccination si la situation épidémiologique le justifie, en particulier pour les personnes immunodéprimées et/ou vulnérables, voire à plus large échelle en population générale compte tenu du caractère imprévisible de l’émergence des variants.
Les données confirment la protection conférée par une dose de rappel
Si, à ce stade, il est impossible de prédire précisément l’évolution du virus SARS-CoV-2, la HAS considère néanmoins probable que la situation sanitaire de cette année se caractérise par des reprises épidémiques périodiques causées par un variant proche des variants qui circulent actuellement. La vaccination est un outil efficace pour protéger des conséquences de la Covid-19, et le rappel prolonge cette protection dans le temps.
Une étude récente conduite en France par EPI-PHARE confirme ainsi, qu’en comparaison à l’absence de vaccination, l’efficacité d’une dose de rappel par vaccin à ARNm monovalent (les premiers déployés) sur le risque d’hospitalisation est de 82 % deux mois après la dernière injection et de 52 % à plus de 9 mois de celle-ci.
La HAS a également pris en compte les données concernant la protection supplémentaire apportée par l’administration d’une dose de rappel avec un vaccin à ARNm bivalent contre la survenue d’infections symptomatiques, les hospitalisations et les décès. Les études montrent notamment que l’administration d’une dose de rappel avec un vaccin bivalent apporte une protection supplémentaire contre la survenue d’infections symptomatiques (de 21 à 56 %), contre les hospitalisations (de 31 à 84 %) et contre les décès (86 %) par rapport à l’absence de rappel. La HAS rappelle que cette protection baisse avec le temps et que cette baisse de protection varie selon l’âge (baisse de protection plus rapide chez les personnes de 80 ans et plus) et selon le critère de jugement considéré (baisse de protection contre les infections plus précoce que contre les formes graves).
Les données sur l’efficacité en vie réelle des vaccins à ARNm bivalents adaptés contre Omicron, bien qu’encore limitées, confirment l’efficacité conférée par une dose de rappel chez des personnes préalablement vaccinées avec d’autres vaccins.