Alors que l’épidémie de Covid-19 semble repartir à la hausse après quelques semaines de décrue, la HAS publie aujourd’hui plusieurs avis sur la vaccination, les traitements et la prise en charge de la Covid-19 afin de protéger les plus vulnérables face à ce virus. Saisie par le directeur général de la santé, elle se prononce sur l’intérêt d‘une seconde dose de rappel chez les populations les plus à risque de forme sévère de Covid-19.
Si l’épidémie de Covid-19 a fortement décru depuis le début du mois de février, elle semble aujourd’hui stagner voire repartir à la hausse, notamment avec la propagation de BA.2, nouveau sous-variant d’Omicron. Les dernières données de modélisation de l’Institut Pasteur tenant compte de ce nouveau variant indiquent qu’un nouveau pic de cas pourrait survenir prochainement, inférieur cependant à celui de janvier. Les dernières données épidémiologiques françaises disponibles montrent par ailleurs que ce sont toujours les personnes âgées de 65 ans et plus qui restent les plus à risque de développer une forme grave de la maladie et de décéder : au 10 mars 2022, les plus de 60 ans représentaient ainsi 80% des patients hospitalisés avec Covid-19.
Enfin, les données d’efficacité en vie réelle en France transmises par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publiées le 18 mars 2022 confirment que les personnes ayant reçu une dose de rappel sont mieux protégées que celles ayant seulement reçu un schéma de primovaccination, contre l’infection, les hospitalisations conventionnelles et en soins critiques ou encore contre les décès hospitaliers. En parallèle, ces données et celles provenant des Etats-Unis et du Royaume-Uni montrent également que la protection conférée par la dose de rappel commence à diminuer après 3 mois chez les personnes de 60 ans et plus.
La HAS a également pris en considération les données israéliennes. D’une part, les données d’efficacité en vie réelle d’une deuxième dose de rappel montrent que celle-ci divise par 2 le taux d’infections confirmées et par 4 le taux de formes graves de la maladie, cependant sur des nombres de formes graves qui restent faibles à 3 mois. D’autre part, même si elles sont limitées, les données de tolérance sont rassurantes.
C’est dans ce contexte que la HAS, saisie par le directeur général de la santé, se prononce sur la possibilité d’administrer une seconde dose de rappel pour les personnes les plus à risque de forme grave de la maladie.
Une seconde dose de rappel pour les personnes de plus de 65 ans les plus à risque de forme sévère de la maladie et qui le souhaitent
La HAS rappelle qu’une quatrième dose de vaccin est d’ores et déjà recommandée pour les personnes immunodéprimées. Elle prend acte de l’annonce gouvernementale de proposer une seconde dose de rappel pour les personnes de 80 ans et plus ainsi que les résidents d’Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des autres établissements d’hébergement collectif pour lesquels le risque de cluster justifie une protection individuelle renforcée.
Par ailleurs, la HAS propose de rendre possible l’administration d’une seconde dose de rappel aux personnes de plus de 65 ans qui le souhaitent et qui sont soit à très haut risque de forme sévère de la maladie, soit polypathologiques. Cette vaccination est discutée dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante en prenant en compte la situation médicale individuelle.
En raison de l’efficacité vaccinale encore bonne (supérieure à 70% sur les hospitalisations) 3 mois après le premier rappel, de la perspective d’un potentiel besoin de rappel additionnel à l’automne, et pour ne pas diminuer l’adhésion de la population à la vaccination par des rappels trop fréquents, la HAS recommande en cas de second rappel de respecter de préférence un intervalle d’au moins 6 mois avec le premier rappel.
La HAS note qu’en raison des données encore limitées sur la protection conférée par une infection par Omicron, elle précise qu’il n’y a pas lieu d’envisager une seconde dose de rappel chez les personnes ayant contracté récemment une infection à SARS-CoV-2 avec ce variant, quel que soit leur âge.
Elaborer une stratégie vaccinale de moyen et long terme avant d’élargir le rappel en population générale
En prenant en compte les différentes données disponibles et le recul encore limité sur la baisse dans le temps de la protection vaccinale d’un premier rappel, les incertitudes relatives à la persistance de l’efficacité vaccinale d’un second rappel, et les enjeux d’acceptabilité par la population de campagnes de rappels successives et rapprochées, la HAS considère qu’il n’est pas pertinent de recommander actuellement l’administration d’une seconde dose de rappel en population générale.
En revanche, une réflexion approfondie est en cours afin d’aboutir à des recommandations relatives à une stratégie vaccinale anti-Covid-19 de moyen et de long terme, prenant notamment en compte l’arrivée prochaine de nouveaux vaccins et de vaccins adaptés aux différents variants circulants, les enjeux d’acceptabilité par la population ainsi que l’ensemble des données immunologiques et cliniques disponibles.
Améliorer le taux de rappel chez les plus âgés et faciliter le recours aux traitements disponibles pour les plus fragiles
Au 8 mars 2022, seulement 74,3% des personnes plus de 80 ans avaient reçu un rappel vaccinal. Afin de lutter efficacement contre l’épidémie, la HAS souligne l’importance de poursuivre les efforts de vaccination des personnes encore non vaccinées ou n’ayant pas reçu de dose de rappel, en particulier les plus âgées pour lesquelles la couverture vaccinale complète est encore insuffisante. Elle rappelle qu’il est indispensable pour une protection optimale que l’ensemble de la population ciblée puisse bénéficier d’un schéma vaccinal du meilleur niveau d’efficacité, en privilégiant l’usage des vaccins à ARNm en l’absence de contre-indication.