Depuis le début de la pandémie de Covid-19, différentes approches thérapeutiques ont été explorées pour lutter contre la maladie. Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que l’ivermectine, une molécule commercialisée comme traitement antiparasitaire, protège des symptômes de la Covid-19 dans un modèle animal. Les scientifiques ont observé que la prise d’ivermectine est associée à une limitation de l’inflammation des voies respiratoires et des symptômes qui en découlent. Ce traitement est également associé à une protection contre la perte d’odorat. Toutefois, les résultats ne montrent pas d’effet de la molécule sur la réplication virale du SARS-CoV-2. Les résultats de l’étude suggèrent que l’ivermectine pourrait être considérée comme un agent thérapeutique contre la Covid-19. Ces résultats ont été publiés dans la revue EMBO Molecular Medicine, le 12 juillet 2021.
La pandémie de Covid-19 a causé plus de 3,5 millions de décès et plus de 179 millions de cas d’infection confirmés dans le monde depuis son début en décembre 2019. La maladie, causée par le SARS-CoV-2, induit généralement des symptômes respiratoires et pulmonaires pouvant entraîner, dans les cas graves, une détresse respiratoire mortelle. Plusieurs approches thérapeutiques basées sur des antiviraux (comme le remdesivir) ou des immunomodulateurs (comme la dexaméthasone, le tocilizumab) ont été étudiées pour lutter contre la maladie mais ont présenté des effets thérapeutiques limités. La recherche d’approches préventives et thérapeutiques contre la Covid-19 reste donc une priorité.
Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur ont étudié en laboratoire l’impact d’une molécule, l’ivermectine, sur les symptômes cliniques de la Covid-19 dans un modèle animal. L’ivermectine est une molécule commercialisée comme traitement antiparasitaire et étudiée pour le traitement d’autres maladies. Les auteurs de l’étude ont montré que la prise de ce médicament à des doses standards permet de réduire dans un modèle animal les symptômes et la gravité de l’infection au SARS-CoV-2.
« Nous avons choisi d’étudier l’ivermectine car c’est un modulateur allostérique du récepteur nicotinique de l’acétylcholine (nAChR). Ce choix a été basé sur l’hypothèse que le récepteur nAChR joue un rôle critique dans la pathophysiologie de l’infection à SARS-CoV-2 et pourrait donc représenter une cible pour la prévention et le contrôle de l’infection » précise Guilherme Dias de Melo, chercheur dans l’unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie et premier auteur de l’étude.
Les résultats de l’étude dévoilent que l’ivermectine agit sur la modulation de la réponse immunitaire sur les modèles animaux infectés par le SARS-CoV-2 et permet ainsi de diminuer l’inflammation au niveau des voies respiratoires. Cet effet immunomodulateur participe à la réduction de l’apparition des symptômes de la maladie. Les chercheurs ont également montré que la molécule réduit le risque de perte d’odorat. Toutefois, ils ont observé que le traitement à l’ivermectine n’agit pas sur la réplication virale du SARS-CoV-2.
« De manière surprenante, nous avons observé que le traitement à l’ivermectine n’a pas limité la réplication virale, les modèles traités et non traités présentaient des quantités similaires de charge virale dans la cavité nasale et dans les poumons. Nos résultats révèlent que l’ivermectine possède un effet immunomodulateur et non antiviral » commente Guilherme Dias de Melo.
Dans un avis du 31 mars 2021, l’OMS déconseille d’utiliser l’ivermectine pour traiter la Covid-19 en dehors des essais cliniques, en attendant que davantage de données soient disponibles. A ce sujet, Guilherme Dias de Melo explique : « Notre étude apporte des données précliniques qui démontrent scientifiquement une action protectrice de l’ivermectine pendant l’infection par le SARS-CoV-2 dans un modèle animal. Ces données sont essentielles pour appuyer les essais cliniques chez l’homme. »
L’ivermectine pourrait alors être considérée comme un agent thérapeutique encourageant contre la Covid-19, sans impact sur la réplication du SARS-CoV-2 mais soulageant l’inflammation et les symptômes qui en découlent.
« Nos résultats fournissent une avancée significative et démontrent que l’ivermectine appartient à une nouvelle catégorie d’agent anti-Covid-19 dans un modèle animal. Ces travaux ouvrent la voie à des axes de développement pour de meilleurs traitements contre la Covid-19 chez l’Homme » conclut Hervé Bourhy, responsable de l’unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie et dernier auteur de l’étude.