Misogynie, sexisme, humiliation, menaces… au lycée Saint-Cyr, les filles vivent l’enfer.
L’Ecole militaire de Saint-Cyr est au coeur d’une polémique. Le quotidien Libération a enquêté sur la misogynie qui règne en maître dans la classe préparatoire militaire. De nombreuses jeunes étudiantes ont témoigné du sexisme et des attaques abjectes qu’elles subissent de la part des « tradis », un groupe de garçons ultraconservateurs qui n’acceptent pas la présence des femmes. Propos misogynes, coups bas, humiliation, harcèlement moral… bienvenue à Saint-Cyr.
« J’ai honte d’avoir voulu aller dans une armée qui n’est pas prête à recevoir des femmes. J’ai appris que porter un vagin ruine une carrière, une vocation, une vie. » Ce témoignage, qui ouvre une longue enquête du journal Libération, c’est celui de Mathilde (prénom d’emprunt) une jeune fille de 20 ans inscrite au Lycée militaire de Saint-Cyr-l’Ecole.
A Saint-Cyr-l’Ecole, les traditions comptent plus que tout. Les élèves ont leurs rituels, leurs codes et leur vocabulaire. Lors d’un spectacle, les étudiants sont invités à « youler les grosses ». Comprenez : « Raser les filles ». La youle, c’est cette coiffure qu’arborent les Saint-Cyriens pour se démarquer (cheveux ras sur les côtés et mèche sur le devant du crâne). Et les « grosses », c’est le terme employé pour désigner les femmes.
« On ne savait pas trop si cela signifiait que nous n’étions pas les bienvenues ou si c’était carrément une menace de mort. Dans tous les cas, c’était de la misogynie clairement exposée », se souvient Mathilde. Parmi les meneurs, on trouverait ce qu’on appelle des « tradis » (diminutif de « traditionaliste » que le Larousse définit comme « un attachement aux coutumes et aux croyances transmises par la tradition »). Les protestations adressées à la direction seront sans effet. Tout juste y voit-on « une simple blague potache ».